Thursday, December 27, 2012

Chroniques de la fin du monde 6

Puisqu'il s'agit d'une montagne sacrée désormais et qu'on dispute sur la date de sa sacralisation -- certains la jugent récente, je la pense pour ma part protohistorique, mais qu'importe... Quelques vues de la belle et dangereuse séductrice.







Chroniques de la fin du monde 5


Ah, que le pech de Bugarach est beau au coucher du soleil ! Le monde continue, personne dans la région n’a vraiment cru que la Terre s’arrêterait de tourner ni que ce coin de Razès serait l’île épargnée dans un océan de destructions en tout genre. Des curieux sont venus, surtout pour voir la horde de journalistes accourus du monde entier pour couvrir un événement inexistant, la ruée attendue des survivalistes et des sectes. Il y avait bien quelques ésotéristes et quelques figures du new age, mais c’était la petite douzaine d’habitués de Rennes-le-Château et Rennes-les-Bains, chercheurs de trésor ou de tombeau sacré, et les animateurs de stages déjà bien implantés localement. Certains anciens comme Jean-Luc Chaumeil revenaient sur leurs traces refroidies de longue date. S’agissait-il de simple curiosité, s’agissait-il de profiter de la foule journalistique comme d’un tremplin pour revenir sur le devant de la scène ?  Ou simplement de passer un bon moment avec les copains, ce qui était après tout ma propre motivation ? Et comme prêts à défendre leur domaine contre sauvages et médiateux, on voyait aussi les randonneurs Amis du Pic, en grand uniforme.

Quelques uns avaient essayé de transformer la chose en fête, en carnaval qui ne dirait pas son nom. On put ainsi croiser de rares extraterrestres, la soucoupe volante du Père Noël dont les rennes, ici, se transforment en villages et qui doit bien changer d’équipage, une pin-up posant pour les calendriers de routiers, un James Bond de hasard dont le smoking tranchait sur les dreadlocks des adeptes du développement écologique et personnel. Mais la vraie manne, le vrai cadeau de Noël maya fut pour les restaurateurs, ceux de Bugarach comme ceux des environs. Trois centaines de journalistes, cela ne vit pas de l’air du temps ! 

Quant aux gendarmes, nerveux le matin tant ils avaient été chauffés par les discours alarmistes de Fennech, président de la Miviludes, ils étaient déjà largement hilares en fin d’après-midi. Au moins, Fennech se sera-t-il ridiculisé à la face du monde et, pour ma part, je m’en réjouis : la police de la pensée et des mœurs d’inspiration rationaliste est aussi odieuse et insupportable que toute autre inquisition. Et ce n’est pas Massimo Introvigne qui me contredira.

Reste à comprendre comment, d’une simple discussion de bistro entre le maire de Bugarach (196 habitants) et un journaliste de L’Indépendant, quotidien local, rapportée en rigolant par ce dernier dans les colonnes de son journal a pu d’une part faire fusionner deux lignées mythiques jusqu’ici distinctes et, d’autre part, déclencher une telle agitation des médias et des autorités. Ce n’est certes pas la première fois qu’on annonce une fin du monde ni même la première fois que quelques journaux locaux reprennent la nouvelle pour remplir leurs fins de pages. Les vrais cataclysmes, eux, ne frappent pas à la porte avant d’entrer en action. Ils frappent, tout simplement. Quelque chose, dans la mythologie en gésine autour de Rennes-le-Château, avait-il préparé le terrain des croyances ? Il est vrai qu’on retrouve dans le discours de Plantard et sa reprise par Gérard de Sède ou Henry Lincoln la thématique du roi caché qui implique un renouvellement des temps après une série de catastrophes mais, dans la saga du Grand Monarque, il s’agit de guerres très humaines, de désastres politiques ou politico-religieux. Et cela n’explique pas qu’on vienne du Japon, de Chine ou de Corée couvrir l’inexistant.






Et le lendemain... A part un étrange soldat accompagné de son chien que filmaient de tout aussi étranges cinéastes, le seul évènement de Bugarach fut le trophée des chasseurs.


 

Chroniques de la fin du monde 4










Quelques vues d'un carnaval raté, en la courageuse absence du maire.

Chroniques de la fin du monde 3







Les Amis du Pic veillent sur la montagne.

Chroniques de la fin du monde 2



Certaines veulent finir en beauté ! "Le maire ! Je veux voir le maire !"

Chroniques de la fin du monde






Les extraterrestres étaient au rendez-vous !

Tuesday, November 20, 2012

Juste un mot à l’intention des émules parisiennes des Pussy Riots


Que ne lit-on pas sur les pauvrettes venues s’amuser et qui furent « molestées » par les vilains garçons manifestants ! J’étais trop loin, j’ai seulement entendu une minute de clameurs. Mais l’AFP, me semble-t-il, a eu la bonne idée de mettre en ligne une photo. On y voit une jeune femme dévêtue en costume sado-maso des plus classiques comme les professionnelles de la rue Saint-Denis n’osent même pas en porter et coiffée d’un voile de bonne sœur. Ludique ? Soit. Le fantasme n’est pas très neuf et, d’ordinaire, plutôt masculin. Mais lorsque l’on vient s’exhiber dans cet appareil pour railler ce que ceux que l’on vise considèrent comme le plus sacré, cela s’appelle plutôt de la provocation. Et quand on provoque – c’est un jeu auquel j’ai joué aussi dans d’autres contextes du temps de ma folle jeunesse, je sais de quoi je parle – on doit être prêt à assumer les conséquences, les réactions de ceux qu’on asticote. Venir ensuite pleurnicher parce que l’autre a réagi n’est pas très cohérent et devrait n’être accueilli que par un « Eh bien, il ne fallait pas y aller, ma belle ! » C’est en tout cas ce que m’aurait dit ma mère, suffragette de gauche s’il en fut ! Mais l’enjeu de cette provocation là, c’était peut-être justement de pousser à bout quelques manifestants pour pouvoir ensuite piauler, se présenter en victimes et obtenir la punition paradoxale de ceux qu’on a incité au délit. Ruse de guerre peut-être efficace mais particulièrement inélégante.
En tant que femme et assez chatouilleuse sur ce qui me renverrait à ce que j’ai appelé l’éducation en « femme-ne-pas », c’est une ruse qui me fait honte.

Monday, November 19, 2012

Du bon usage des chaussures


-- J’y étais !
-- Où ça ?
-- Aux manifs, bien sûr ! Aux deux manifs.
Ce dialogue résume l’ambiguïté de ces journées de lutte contre la loi sur le mariage homosexuel dit frauduleusement « pour tous » et comment, au lieu d’unir toutes les forces contre l’imbécillité monstrueuse du texte en préparation, elles furent divisées en une manif également « pour tous » et une autre, censément aux extrêmes. Bref, pour ne pas se tromper d’adversaire, il fallait aller aux deux, même – et surtout – si l’on ne partageait pas toutes les idées des autres manifestants. Et donc j’ajouterai une photo des deux. 200 000 participants pour l’une, 20 000 pour l’autre, cela fait longtemps que le pavé de Paris n’avait été battu avec une telle force.
Comme l’a fort bien montré Claude Lévi-Strauss, les structures de la parenté ne sont pas des milliers dans les sociétés humaines et toutes les variantes culturelles se ramènent à quelques modèles simples qui sont le pont-aux-ânes des études d’ethnologie : filiation patrilinéaire ou matrilinéaire (on hérite en ce cas de l’oncle maternel, comme on le lit encore en filigrane des romans arthuriens et des canetons de Disney), mariage matrilocal ou patrilocal fixant la demeure des jeunes époux, exogamie donnant la préférence à la cousine croisée ou endogamie qui mène à épouser sa cousine germaine du côté paternel. A cela s’ajoutent les interdits de proximité qui étendent plus ou moins le refus de l’inceste. Au bout du compte, les mœurs idéales de chaque peuple se résument en une formule mathématique courte et parlante. J’ajouterai que, si plusieurs cultures ont donné une place honorable à l’homosexualité, aucune n’a eu l’idée d’en faire la base d’une famille car c’est bien ce que signifie ce projet de loi aussi sot que grenu.
Qu’y a-t-il derrière cette mode pour ne pas dire cette rage qui saisit brusquement les élites politiques des cultures dites « occidentales » de vouloir détruire le mariage comme base sociale de la famille pour en faire la reconnaissance (?) de l’amour, un « droitdlhomme » ou une revendication féministe, trois slogans largement éprouvés ? Au fond, je ne vois que trois justifications potentielles et indicibles, et les trois me font frémir tant elles représentent une régression vers l’anomie sociale. La première est d’ordre malthusien et soutient tout ce qui ferait baisser la fécondité humaine ; or il est certain que l’encouragement à l’homosexualité réduit forcément la démographie sans forcer à l’ascèse. En d’autres termes, le sexe stérile remplacerait le rôle de régulation des populations qu’ont joué les monastères dans le christianisme comme dans le bouddhisme. La deuxième est d’ordre économique libéral : dans un monde entièrement régulé par le marché, l’homme devient à la fois producteur, consommateur et… marchandise. Si l’on ne remet pas en selle l’esclavage, si on lui préfère le salariat, c’est surtout pour se débarrasser des devoirs qu’imposerait aux maîtres les extrémités improductives du début et de la fin de vie. Mais tout ce qui peut rentrer dans le marché donc bientôt la gestation pour autrui serait bon à prendre. La troisième, qui confond l’égalité avec l’uniformité, c’est la peur de l’autre et le refuge narcissique dans le même, tels qu’Alain de Benoist ne cesse de les dénoncer en de fort pertinentes analyses.
Et qu’on ne nous oppose pas qu’aujourd’hui la famille est souvent recomposée. Elle l’a toujours été, soit dans des cultures qui admettaient la répudiation, soit plus cruellement par le nombre de mères qui mouraient en couches. De nombreuses études ont montré que le remariage des veufs a privé d’accès au mariage précoce des classes entières de jeunes gens depuis le moyen âge jusqu’au XVIIIe siècle ; on en trouve assez l’écho chez Molière. Rares étaient alors les enfants qui grandissaient avec le même père et la même mère jusqu’à leur propre entrée dans l’âge adulte. Et pourtant la famille a tenu,  le concept même des liens du sang, de la filiation, de l’héritage et du lignage s’est maintenu. Avant de le détruire bêtement par la loi, il conviendrait de se demander pourquoi.

Sunday, July 15, 2012

Pilate, mon frère…


Pontius Pilatus, préfet de Judée, a mauvaise réputation, tant chez les auteurs chrétiens pour avoir permis la crucifixion que chez les auteurs romains pour sa rapacité. Pourtant, dans un récit où tous et chacun rivalisent de certitudes, il est le seul à poser une question. La question, la seule qui vaille : qu’est-ce que la vérité ? Certes, on peut l’entendre sur le ton désabusé du relativiste désespérant de l’atteindre, ironique à l’égard des croyances populaires et les commentaires de catéchisme ne manquent pas de blâmer cette attitude laïciste avant l’heure. Pourtant, même adossée à la morgue du conquérant vis-à-vis des peuples tributaires, cette question nous renvoie au plus abrupt de la condition humaine, à l’incertitude et l’ignorance fondamentales, au voyage dans la nuit qu’est toute existence qui s’interroge sur elle-même. Il importe aussi que cette phrase ne soit pas aimablement jetée pour l’amour du paradoxe dans quelque banquet platonicien mais qu’elle surgisse au cœur d’un dilemme entre politique et justice, au cœur du tragique qu’engendre la vie sociale lorsque l’on se résout à l’action. 

Il y a quelques années, Jean Robin avait publié un ouvrage[1] dans lequel il listait les débats parfaitement légaux mais interdits par les préjugés médiatiques. Il mériterait sans doute une actualisation qui tiendrait compte d’un interdit tacite annexe, celui du mélange des genres. Lamartine, poète et homme politique, serait aujourd’hui vilipendé d’oser briguer les suffrages après avoir commis des vers : que n’a-t-on pas sur ce point brocardé Dominique de Villepin ! Et peu me chaut d’où viennent ces brocards, de quel adversaire. Souvenons nous aussi de Coluche. Il suffit à ma réflexion du moment que les murs soient réputés infranchissables et les spécialisations étanches, sauf à braver le ridicule. Et parmi les privilèges tant des médias que de certains hommes politiques figure celui d’annoncer les vérités, celles qui feront l’objet d’un interdit de débat. Certaines de ces « vérités » ne sont que des mensonges de propagande, tenaces au demeurant : il a fallu soixante ans pour qu’on reconnaisse que les véritables auteurs du massacre de Katyn ne sont pas les nazis mais les communistes russes et, encore, est-il mal vu en France de le crier trop fort. D’autres ne relèvent que des préjugés et bons sentiments, d’un effet de mode intellectuel confondu avec la morale et il ne sert pas à grand chose de rappeler ce que savaient nos grand-mères, que l’enfer est pavé de bonnes intentions, tant que le réel n’a pas battu en brèche la bien-pensance.

On sait qu’à beaucoup d’égards je me méfie de Platon, premier théoricien du goulag, premier à tenter de définir a priori une société parfaite jusqu’à prévoir d’avance le sort des dissidents devenus esclaves d’Etat[2]. Malgré ma défiance, je dois lui reconnaître la même vertu qu’à Pilate. Il ne se contente pas d’affirmer comme le faisaient les présocratiques, il interroge ou, plutôt, met dans la bouche de Socrate des interrogations. Biaisées, certes, conçues pour amener l’interlocuteur à reconnaître, in fine, l’éclatante justesse de la pensée qu’il développe mais, du moins, y a-t-il questionnement, ébauche même de discussion, d’arguments contraires. Un lecteur moins sensible à sa maïeutique que les personnages de ses Dialogues peut tenter de poursuivre l’objection, d’en inventer d’autres, tant le mode en questions/réponses ouvre la pensée. On retrouve ce mode interrogatif chez Thomas d’Aquin, même si, là encore, la question ne sert qu’à introduire une réponse élaborée, censément la seule possible.

Platon, Pilate, Thomas et puis ? La philosophie critique ou dialectique ose opposer argumentaire contre argumentaire mais la question reste le plus souvent sous-jacente, inexprimée comme telle, d’où le lecteur peut comprendre qu’il suffit d’objecter pour développer une pensée originale. On finit par confondre rhétorique et polémique. Platon et Thomas répondent à leurs questions comme le maître à ses élèves. La grande force de l’Evangile de Jean, c’est peut-être d’avoir laissé ouverte la question de Pilate. Il ne répond pas et Jésus non plus, ce Jésus qui vient d’affirmer : « Je suis né et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité. Quiconque est de la vérité écoute ma voix. » Immédiatement, l’action reprend ses droits, le drame judiciaire l’emporte. Mais pour deux millénaires déjà, la question sans réponse continue de vibrer et de se ficher comme une lance dans le cœur des hommes : « Qu’est-ce que la vérité ? »

Le terme grec est ἀλήθεια, littéralement sans Léthé, le fleuve des enfers responsable de l’oubli. Derrière la question de Pilate, une autre résonne en grec : « Qu’est-ce que la mémoire ? », qui suggère de suite : « Qu’est-ce que le temps ? »
En hébreu, vérité se dit amen, AMN, que l’on décomposera si l’on est kabbaliste en remarquant qu’il contient AM, qui signifie à la fois mère, aïeule et les conjonctions si, ou bien. AMN est aussi le verbe avoir confiance et la fidélité. Remarquons au passage que, malgré la racine AM qui plonge dans le passé, vers l’origine et la matrice, l’ajout du noun projette vers le futur. L’Amen exprime une dynamique de la foi, une dynamique relationnelle. Derrière la question de Pilate, un sémite entendra : « A quoi être fidèle ? En qui ou quoi avoir confiance ? » et, finalement, « Où allons-nous ? Où mène le chemin que j’ai suivi ? »

Lus ensemble, la question de Pilate embrasse toute l’ignorance de l’homme, tant de l’origine que de ses fins. En un temps où reviennent trop de certitudes, de préjugés et de propagandes, où le moralisme l’emporte sur la démonstration, l’entendre résonner n’est peut-être pas inutile.


[1] Petit dictionnaire des débats interdits mais légaux, 2010
[2] Si l’on ne me croit pas, qu’on relise Les lois !

Saturday, May 05, 2012

Une toute petite objection...

Je n'ai pas envie de commenter ici la campagne électorale d'un point de vue politicien, cela n'a jamais été la vocation de ce blog, mais il faut avouer que, dans le feu du discours (même écrit à l'avance par des "plumes"), les vedettes de la politiques en sortent souvent de plus grosses qu'eux. La dernière en date qui a fort esbaudi l'historienne des religions que je suis encore, malgré tout, nous vient du sieur Mélanchon affirmant que "le premier mai a toujours été rouge".
Toujours ? Nous ne devons pas avoir le même sens du long terme. Parce qu'enfin, avant les grèves, les défilés ouvriers et autres grondements de foules, le premier mai s'est nommé Beltaine : l'une des 4 fêtes celtiques majeures, porte de l'été comme Samain, au premier novembre ouvrait sur l'hiver. Et si l’Église romaine n'a jamais tenté de la christianiser comme elle avait fait des trois autres, Samain devenant la Toussaint en gardant le sens des retrouvailles avec les ancêtres, Imbolc au 2 février se transformant en Chandeleur et Lugnasad au début août en fête de la Transfiguration, la coutume des villages fut longtemps que les jeunes gens plantent un arbre en l'honneur des jeunes filles nubiles, de celles qui deviendraient leurs épouses et les mères de leurs enfants. Comme à Samain, il s'agissait de célébrer la continuité des générations en laquelle s'enracine un peuple mais en se tournant vers l'avenir, l'espérance de fécondité, la joie de vivre et de fonder ce qui nous survivra.
Pourquoi Beltaine n'a-t-elle pas été christianisée en occident ? Pourquoi même a-t-elle fait l'objet de méfiances et d'une véritable inversion de sens avec le folklore germanique de la nuit de Walpurgis ? Puissante question, pour laquelle j'ai des pistes de réflexion mais pas encore de solution.
L'une de ces pistes serait le double emploi avec la fête mobile de Pâques et sa signification eschatologique. Il semble difficile de bénir la simple continuité familiale alors que l'on vient d'entrevoir, au travers de la résurrection, le renouvellement de toute chose, la recréation de l'univers. Une autre tient au primat donné à la virginité sur le mariage par les moines à la suite de l'apôtre Paul et, il faut l'avouer, des philosophes néoplatoniciens. Faire du mois de mai celui de la Vierge et y interdire le mariage -- ce qui revient à prolonger une forme de carême jusqu'à Pentecôte et même parfois au delà -- c'est affirmer une autre fécondité que celle des corps et des cultures, à tous les sens du mot culture. Ces éléments de réponse ne suffisent pas à expliquer l'absence de christianisation officielle alors que la coutume populaire se maintenait vivace.
Ce que j'accorderais toutefois à monsieur Mélanchon, c'est que depuis la révolution française, les plus enragés jacobins ou montagnards et leurs successeurs marxistes ont tenté régulièrement de s'emparer de cette fête et d'en détourner le sens par un glissement étonnant de la fécondité à la violence, des rites de passage à l'âge adulte et de la continuité des paternités au meurtre au moins symbolique du père, du sang des noces à celui des guillotines.
Que l'on me pardonne: je préfère Beltaine.

Tuesday, March 20, 2012

Congrès du SIEL






"Le Général de Gaulle appelle Français ceux qui ne veulent pas que la France meure". C'est à cette hauteur que le SIEL entend réunir les patriotes contre les innombrables menaces qui pèsent sur les valeurs de la France : Indépendance de la Nation, Souveraineté du peuple, autorité de l'Etat, défense des libertés de la pérennité de notre civilisation. Réunissons enfin les Français sur la France Paul Marie Coûteaux

Samedi 24 mars 2012
de 13 h. à 18 h.

Le S.I.E.L vous convie à son

CONGRES FONDATEUR

auquel participeront les principales personnalités de l’Union des Patriotes,
et

MARINE  LE  PEN

Maison de la Chimie
28 Rue Saint Dominique – 75007 PARIS
(Métro : Invalides)





Entrée gratuite pour les membres – Entrée non membres 10 €


Saturday, March 03, 2012

Mémoire, sœur obscure…



Le plus intéressant de Lyall Watson, c’est l’hypothèse d’une mémoire partagée qui transcende les espèces et pourrait remonter aux origines de la vie si ce n’est de l’univers. C’est une notion très proche de celle des annales akashiques dont parlent les Théosophes mais au lieu d’en tirer une sagesse abstraite, il y voit plutôt la source d’une libération possible par rapport à la tyrannie des gènes. J’avais remarqué dans un article paru l’an dernier dans Liber Mirabilis[1] l’étrangeté des mythes mayas et de ceux d’autres peuples amérindiens pour qui la pérennité des astres et la régularité de leur course ne sont pas assurées : Ce sont les hommes qui, par leurs rites et sacrifices, par le don de leur sang, leur permettent de maintenir leur énergie et assurent la tranquillité de l'univers. En dehors de cette aire culturelle, tant en Eurasie qu'en Afrique, si la Terre peut connaître des phases de chaos et de destruction, le ciel offre la certitude de la perfection et l'image même de l'ordre. Quel traumatisme avait-il pu inscrire ainsi dans l'inconscient collectif des Mayas, Olmèques, Toltèques et autres la notion d'une fragilité cosmique ? Si nous regardons une carte, nous voyons que les Mayas occupent une partie de l'isthme reliant l'Amérique du Sud à celle du Nord : la presqu'île du Yucatan et les Chiapas au Mexique, le Guatemala, Belize et les zones frontalières du Salvador et du Honduras. Que l'on accepte la datation basse qui fait peupler le continent américain vers 20000 BP, pendant la dernière glaciation permettant de passer à pied sec le détroit de Behring ou les hypothèses plus récentes qui remontent cette arrivée à 40 voire 60 000 ans BP, on ne voit pas très bien ce qui aurait pu causer un tel trauma.
Du moins ne voit-on pas la source de ce traumatisme dans la fourchette de dates correspondant à la civilisation maya (de -1600 à environ 700) ni même si l’on considère le peuplement par des tribus plus ou moins nomades contemporaines de notre magdalénien. Il faudrait remonter à plus de 65 millions d'années, lorsqu'une météorite pour ne pas dire un petit astéroïde a percuté la Terre sur l'actuelle presqu'île du Yucatan, très précisément sur le site de Chicxulub près du village de ce nom. Un caillou de 10 km de diamètre, lancé à près de 20 km/s, cela fait du dégât et si l'angle d'impact n'avait pas été aussi rasant (entre 20 et 30°), nul ne sait si la Terre aurait gardé sa cohésion. Un cratère de 180 km de diamètre, c'est déjà une belle cicatrice ! Un tel cataclysme, s'il s'était produit aux temps historiques, en présence des hommes, expliquerait largement que, pour la culture concernée, le ciel soit le lieu de tous les périls et que le soleil risque de s'éteindre, voilé par une nuit sans fin prévisible. Mais comment expliquer qu'un traumatisme n'ayant touché que des espèces animales dont aucune, semble-t-il, ne fait partie des ancêtres de l'homme influe sur l'inconscient collectif de ces tard-venus dans la région ? Y a-t-il une mémoire des pierres capable d'inscrire en l'homme des peurs et des obsessions ?
A cette question que je posais dans l’article sans apporter de réponse, l’hypothèse d’une mémoire transpersonnelle et universellement partagée donne une solution élégante.

Il faudrait alors s’interroger sur le rapport qu’elle entretient avec le temps. J’ai rendu compte ici, il y a quelques mois, du dernier livre de Bertrand Meheust[2], Les miracles de l’esprit : Qu’est-ce que les voyants peuvent nous apprendre ? dans lequel il définissait la voyance comme « un état limite de la mémoire ». S’il s’agit de cette mémoire transpersonnelle dont Watson pose l’hypothèse, et l’on ne voit pas bien de quelle autre il serait question, il faut alors admettre qu’elle échappe à l’espace-temps, qu’elle surplombe la succession des trois déesses indoeuropéennes du déroulement de la vie, Parques ou Moires. D’un point de vue physique, on aurait alors la tentation de l’inscrire dans le vide quantique, cet état où nos repères et nos équations s’effondrent et que nos mathématiques ne savent pas décrire. J’avais alors rappelé que Mnémosyne, dans le panthéon grec et particulièrement chez Homère connaît tout ce qui est, qui fut et qui sera, dépassant largement le simple enregistrement de souvenirs individuels. Je notais au passage que cette formule homérique qui unit passé, présent et futur en une seule conscience surplombante sera exactement reprise comme attribut divin dans la liturgie chrétienne. En d’autres termes, pour un Grec de l’empire, nourri de culture hellénistique, ayant forcément lu Homère et les grands tragiques, l’omniscience de Dieu est mémoire. Par ce rappel d’Homère, Meheust ouvre des horizons que je qualifiais de vertigineux.
Parmi ceux-ci, on ne peut éluder le rapport de cette mémoire totale et de la liberté, donc de l’imprévisibilité qui s’exprime dans et par le temps en s’accommodant des divers déterminismes. Impossible de s’en sortir sans insister sur les incertitudes d’Heisenberg et la signification de la fonction d’onde des particules fondamentales. Vues de notre univers, ces incertitudes soulignent les limites de notre science. Vue à travers cette mémoire, la fonction d’onde décrit le passage de l’état indescriptible que nous appelons assez maladroitement un vide à l’état localisé, descriptible. Les physiciens qui l’ont découverte à leur cœur défendant et comme à reculons étaient pour la plupart horrifiés de son caractère statistique et du manquement au déterminisme que cela représentait. Que l’univers ait du jeu dès l’origine les accablait. Jusqu’à ce que l’intrication quantique qu’on appelait alors le paradoxe d’Einstein-Podolsky-Rosen soit démontrée expérimentalement par l’expérience d’Alain Aspect à Orsay en 1982[3], certains espéraient encore que des variables cachées resserreraient les boulons du cosmos. Mais si nous renversons la perspective, la liberté permise à la particule émergente par le processus qui la localise partiellement n’est pas absolue. La fonction d’onde peut aussi se lire comme la naissance ou le germe d’un déterminisme qui croît avec les grands nombres.

(à suivre)


[1] Geneviève Béduneau, « Le mur du temps », Liber Mirabilis n°63, janvier-février 2011, pp.18-52.
[2] Bertrand Meheust, Les miracles de l’esprit : Qu’est-ce que les voyants peuvent nous apprendre ?, Les empêcheurs de penser en rond, La Découverte, Paris, 2011.
[3] Trente ans seulement…

Friday, March 02, 2012

Quelques réflexions



Mon travail m’oblige à entendre de très nombreux répondeurs téléphoniques. Depuis deux ou trois ans, je constate une mode de plus en plus prégnante : faire enregistrer le message, en tout ou en partie, par ses enfants. Tout se passe comme si la famille, valeur décriée par tous nos médias, se réaffirmait avec toute la force de l’inconscient à travers ce message d’absence.


En continuant la lecture de Lyall Watson, je suis frappée de la manière dont la biologie, poussée dans ses derniers retranchements pour devenir explicative des phénomènes de la vie, ouvre sur un dualisme à tous les niveaux. Polarisation/dépolarisation des neurones, dualité des hémisphères cérébraux, mais déjà dualité symbiotique des composants de la cellule, l’ensemble de toutes ces divisions débouche sur le vieux dualisme corps/esprit mais revisité à l’échelle de la planète si ce n’est de l’univers. Ce qu’il nomme le contingent, jouant sur l’étymologie latine cum-tingens (ce qui touche ou tient à tout) avec l’ambiguïté du sens philosophique qui l’oppose à l’absolu, a tous les attributs du monde des Idées platoniciennes, un monde où se créent les modèles et les formes par lesquels s’enracinent la vie, l’intelligence, la culture, monde sans lequel l’homme ne pourrait émerger. Mais ce dualisme le plus profond, celui qui oppose l’égoïsme du gène au contingent platonicien et s’exprime au travers des archétypes et des mythes, crée aussi en l’homme un conflit schizophrénique fondamental. Nous sommes là quelque part entre la gnose et la définition augustinienne du péché originel, concupiscence comprise puisque le gène n’a d’autre visée que sa reproduction. On peut alors s’interroger sur les entrelacs intellectuels, les embrassements inconscients de la théorisation scientifique et de l’éducation religieuse des pays anglo-saxons, visibles même chez un homme dont la curiosité philosophique s’est ouverte beaucoup plus largement. La synthèse qu’il opère entre Darwin, Jung et Platon exige Augustin comme catalyseur. 

Ce constat m’effraie. Il suggère que l’avance prise au XIXe siècle par le monde « occidental » et particulièrement les pays à forte présence calviniste dans les domaines scientifiques et technologiques, l’orientation idéologique donnée à la recherche, ne sont pas une simple fluctuation dans l’histoire des civilisations comme je le pensais jusqu’ici mais la résultante d’un choix inconscient dans l’arborescence des possibles. 

Nous avons l’habitude de considérer la science, notre science mathématisée qui ramène tous les phénomènes à des équations dans un espace abstrait, comme l’unique voie heuristique de connaissance de l’univers. En fait, il s’agit surtout d’un buisson de savoirs dont chaque embranchement anéantit d’autres possibles, d’autres découpages du réel. En étudiant le I Jing, j’avais déjà remarqué que la divergence de la science chinoise et de la nôtre se situait à un niveau extrêmement fondamental, celui où l’espace et le temps se différencient. Nous traitons le temps comme une dimension spatialisée. Le I Jing ramène l’espace à un mode du temps – un temps discontinu, en quelque sorte quantique. Nous pouvons dater ce choix dans notre propre parcours : c’est celui des Eléates qui ont donné primauté à Parménide contre Héraclite. J’ignore si la Chine a connu et rejeté une vision parménidienne.

On ne peut nier la fantastique fécondité de cet élagage des possibles. Pourtant me trotte en arrière-fond la phrase de l’Evangile : « A quoi sert à l’homme de gagner le monde s’il vient à perdre son âme ? »


Le monde est plein d’énigmes comme le notait Charles Fort, de coquecigrues en maraude auxquelles on trouve à grand effort des explications triviales mais capillotractées. Des sons rugissent au fond des océans et dans les villes, comme une respiration de géants ; des trous circulaires s’ouvrent dans le sol sans prévenir, sans le moindre séisme précurseur ; on voit passer dans le ciel des structures grandes comme un terrain de football et que nul n’a fabriquées ; des entités s’invitaient autrefois sur les photos argentiques mais semblent fuir les numériques, laissant place à des effets lumineux qui permettent tous les scepticismes, à commencer par le mien. Mais ces émergences du merveilleux se font dans les interstices, entre les branches solidifiées de la science, ce qui fait que nul ne les étudie sinon quelques poignées d’amateurs qui oscillent entre mythe et raison. Mais imaginons que la science ait poussé autrement, qu’elle n’ait pas tout calé sur les ressorts et les boules de billard, le mouvement des mobiles et la trajectoire des boulets. Il y suffirait de peu : des fenêtres sensorielles légèrement décalées par rapport aux nôtres comme il en existe déjà dans le monde animal. D’où vient que les chiens réagissent à la présence d’entités invisibles pour nous, comme certains fantômes ou certains OVNI ? Comment les perçoivent-ils ? Une forme, un mouvement, une odeur, un vide ? Un spécialiste de chimie physique s’est-il déjà demandé pourquoi tous les contes celtiques prétendent que les êtres de Faërie ne supportent pas le contact de l’argent ? Résoudre cette question permettrait peut-être de statuer sur la nature des êtres du folklore au lieu de se baser sur des présupposés philosophiques pour en accepter ou nier l’existence indépendante de notre propre esprit.
(à suivre)

Sunday, February 26, 2012

De l’utilité des crises ?


Il arrive que l’on rate la sortie d’un livre essentiel et qu’on ne le découvre que des années plus tard au hasard d’une fouille chez un bouquiniste. C’est ce qui vient de se passer pour moi avec l’ouvrage de Lyall Watson rédigé en 1979, La marée de la vie[1]. Le regard qu’il porte sur l’évolution des espèces est si particulier bien qu’il admette le darwinisme sous sa forme sans doute la plus extrême, celle du gène égoïste, si intelligent que chaque page plonge le lecteur dans des abîmes de réflexion. J’ai toujours apprécié qu’un auteur me donne à penser et je crois que c’est le plus beau cadeau que l’on puisse faire à l’homo sapiens. Je l’ai déjà dit plusieurs fois en hommage à Aimé Michel mais je ne radote pas en reprenant ces mots, j’enfonce le clou. Il ne s’agit pas tant de se gaver de données que de les organiser comme on tisse des perles, en un motif à la fois cohérent et ouvert sur d’autres aspects du réel.
Dans les pages 101 à 104, Watson s’interroge sur les fondements de l’identité et sur l’apparition de ce que l’on pourrait nommer des proto-pluricellulaires, bactéries sociales Chondromyces aurantiacus et amibes Dictyostelium discoideum. Dans les deux cas, tant que la nourriture abonde, il ne se passe rien de très intéressant. Broute, broute, broute… et chez les amibes, chacune pour soi. Mais dès qu’elle vient à manquer, dès que la pénurie s’installe, alors intervient une coopération, une stratégie de groupe qui permet de passer outre. Les bactéries édifient ensemble une sorte de tour haute de plus de mille fois leur taille qui servira de propulseur pour éjecter au loin, très loin à l’échelle bactérienne, de petits spores qui libèreront des milliers d’entre-elles et reconstitueront des troupeaux. Les amibes se regroupent et se spécialisent jusqu’à former ensemble un être composite aux fonctions différenciées, plus sensible à l’environnement que l’amibe isolée, le grex, qui permettra lui aussi de se déplacer plus vite, plus loin et de libérer des spores. « Ce n’est pas la nourriture qui conduit l’amibe d’un sol visqueux à se socialiser », écrit Watson. « Les amibes peuvent se nourrir tout aussi efficacement, peut-être même plus, lorsqu’elles demeurent petites et isolées. C’est en réalité par manque de nourriture que s’établit la chaîne de relations sociales. »
Encore plus étonnant, le « cri » moléculaire qui rassemble les amibes autour des premières qui ont ressenti le manque, le monophosphate d’adénosine cyclique ou AMP cyclique, est aussi le marqueur chimique des bactéries qui leur servent de nourriture et « un messager intracellulaire dans tous les organismes, même chez l’homme. Il sert de médiateur entre les hormones qui atteignent la barrière cellulaire et les enzymes qui se trouvent à l’intérieur. » Watson dérive ensuite vers la construction du système immunitaire, la reconnaissance de l’autre et de soi. Mais je me demande si sa présence n’introduit pas chez les organismes plus évolués un modèle de comportement analogue à celui des amibes ou, si AMP cyclique n’en est plus le vecteur, si ce modèle n’est pas mystérieusement inscrit dans la vie même. Car on le retrouve dans l’humanité.
Quelles sont les sociétés les plus anomiques, les plus individualistes ? La ville, en période d’abondance. C’est vrai de la période hellénistique prolongée par et dans l’empire romain. C’est vrai des cités italiennes de la Renaissance. C’est vrai en France du second empire et de l’Europe quasiment jusqu’à nos jours si l’on excepte les temps de guerre. C’est vrai des Etats-Unis entre la guerre de sécession et la crise de 1929 puis de la fin de la seconde guerre mondiale jusqu’à ces dernières années. On en trouverait sans doute d’autres exemples mais je connais plus mal la périodisation des vieilles civilisations asiatiques. Il n’est pas anodin, dans cette perspective, que les théories libérales soient apparues au moment où la sortie du Petit Age Glaciaire permettait de meilleures récoltes, où la révolution industrielle s’annonçait, où la classe moyenne s’étoffait au propre comme au figuré.
La crise, la vraie, la terrible, celle qui fait basculer les peuples de l’abondance à la misère comme on le vit en 1929 et jusqu’au New Deal de Roosevelt, celle que l’on impose à la Grèce aujourd’hui et dont on nous menace jour après jour, serait-elle un chemin de resocialisation ? En d’autres termes, génère-t-elle des solidarités au lieu d’une simple lutte pour la survie où les « forts » l’emporteraient sur les faibles comme dans l’illusion du darwinisme social ? C’est ce qui semble se faire jour en Grèce où les solidarités familiales se renouent, où semble apparaître de l’inventivité dans de petits groupes. Il serait intéressant de voir sur quels critères l’ont s’assemble ou l’on s’exclut. En France, les élites culturelles poussent au communautarisme ethnique tout en le repoussant avec les cris de Tartuffe : cachez ce racialisme que je ne saurais voir ! Mais je ne suis pas sûre que cela devienne la seule base de solidarités réelles, l’idéologie étant toujours plus pauvre que les stratégies de la vie.
Aujourd’hui, tout le monde le sait, tout le monde en parle, une oligarchie mondialisée tend à niveler les peuples vers le bas afin de s’assurer de plus vastes profits et à détruire par là même la diversité des cultures, à commencer par ce marqueur d’identité évident qu’est le vêtement. Derrière cette façade de lutte des classes, de marxisme inversé, se cache une autre lutte dont on ne sait si elle instrumentalise les nations au profit de grands groupes industriels ou s’il reste quelque chose du patriotisme de grand-papa, celle pour s’assurer le contrôle des énergies et des matières premières. Une stratégie de puissance dans un contexte de pénurie anticipée. La crise n’est rien d’autre que la confluence de ces deux combats titanesques[2] et, comme l’a très bien vu Alain de Benoist[3], il s’agit d’un seuil structurel plutôt que d’une flambée conjoncturelle. Or l’une des leçons de l’histoire, c’est qu’une oligarchie à elle seule ne saurait engendrer une civilisation. Les seules qui réussirent, Carthage, Gênes, Venise, régnaient sur des cités et se sont englouties dans l’impérialisme. Les empires qui tiennent la durée ont d’abord une structure militarisée et ne se déploient qu’avec l’abondance. Les effondrements ont toujours suscité des « périodes intermédiaires » avec des regroupements plus restreints, des clans, des seigneuries ou des royaumes dans lesquels le sentiment d’appartenance, la réciprocité des engagements et l’affectivité sont particulièrement puissants. Quelque chose comme des grex humains ?
Acceptons-en l’augure pour sortir de la crise actuelle.


[1] Lyall Watson, La marée de la vie, trad. Claudine Brelet, Albin Michel, Paris, 1981 (Londres 1979)
[2] On lit avec profit sur ce point les 3 ou 4 derniers numéros de la revue Eléments.
[3] Alain de Benoist, Au bord du gouffre :la faillite annoncée du système de l’argent, Krisis, Paris, 2011

Monday, January 02, 2012

RIP pour le cartel bancaire des USA

J'ai trouvé ça superbe :

Pourquoi une fin du monde le 21 décembre 2012 ?


Nous nous sommes posé la question de savoir pourquoi était véhiculée l’idée de fin du monde pour le 21 décembre 2012. Tout d’abord nous avons cru qu’il s’agissait d’une date issue du calendrier Maya. Manque de chance, la fin du calendrier Maya se situe le 28 octobre 2011. En somme, nous vivons déjà la nouvelle ère. Le 21 décembre 2012 correspond au solstice d’hiver, soit la nuit la plus longue de l’année. C’est une symbolique d’initié qui n’a rien à voir avec les Maya. Alors pourquoi cette date ?
Au lieu de rechercher des raisons ésotériques, il faut en revenir à plus de pragmatisme. Nous avions évoqué dans Morphéus l’usurpation en 1913 de la souveraineté monétaire US par le cartel bancaire. Fut établi alors un bail de 99 ans, qui remettait le destin de la Réserve Fédérale américaine entre les mains de ces faux-monnayeurs. Or, l’échéance de ce bail se termine le 22 décembre 2012. En clair, le 21 décembre 2012 quand minuit aura sonné, ce sera la fin du monde pour le cartel bancaire privé. Soit il aura mis en place un système mondialisé de contrôle total de la monnaie au-dessus de toutes les banques centrales (type BRI), soit il perdra le contrôle total, libérant enfin la souveraineté monétaire des peuples.
On peut comprendre que des banques à coût de milliards de dollars, lancent des films et séries hollywoodiennes de fin du monde. Sans doute pour rappeler à leurs agents du Nouvel Ordre Mondial que tout peut être perdu le 21 décembre 2012, s’ils ne font pas leur besogne.
Frédéric Morin
Morphéus n°48

Aux dernières nouvelles, ce bail serait un hoax. N'empêche ! On aura bien ri...